Photovoltaïque : autoconsommation ou stockage — quelle stratégie pour valoriser la production de mon entreprise en 2025 ?

À travers plusieurs cas concrets et retours d’expérience, les experts réunis au Forum Romande Energie ont souligné un point essentiel : aucun unique modèle ne s’impose à tous. La bonne solution est celle qui s’adapte au profil de consommation, à la structure du site, et aux priorités de l’entreprise.

« La valeur de l’électricité solaire ne dépend pas uniquement de sa production. Elle se joue dans la façon dont elle est utilisée ou partagée », a rappelé Sébastien Chambon, chef de produit senior, lors de son intervention.

C’est en la consommant sur place que cette électricité a le plus de valeur. Or, toutes les entreprises ne peuvent pas absorber l’intégralité de leur production solaire, notamment en été où le surplus est plus fréquent. Celui-ci est alors injecté dans le réseau, sans que l’entreprise puisse en tirer pleinement bénéfice avec des prix de reprise ayant une tendance à la baisse.  

La manière dont l’énergie produite est utilisée, ou partagée avec d’autres consommateurs, devient ainsi un levier essentiel pour optimiser sa stratégie énergétique. 

1. Optimisation collective : partager l’énergie produite  

Lorsque l’autoconsommation au sein de votre entreprise atteint ses limites, par exemple en cas de variation importante entre la production solaire et la consommation selon les saisons, ou en cas de production excédentaire, d’autres approches permettent d’en maximiser la valeur localement.

C’est dans ce contexte que le cadre réglementaire a évolué en 2025, avec de nouveaux modèles qui élargissent les possibilités de valorisation collective de l’électricité solaire. 
Les dispositifs de Communauté d’Autoconsommateurs (CA) étendue et de Regroupement pour la Consommation Propre virtuel (RCPv), qui s’appuient sur les infrastructures existantes des gestionnaires de réseau (GRD), permettent à plusieurs bâtiments de partager l’énergie produite, comme s’ils formaient une seule entité.

À partir de 2026, les Communautés Électriques Locales (CEL), ouvriront la voie à une autre forme de valorisation : elles permettront aux producteurs de vendre leur énergie à des consommateurs au sein de la CEL, dans un périmètre défini.

Ces différents dispositifs offrent des leviers complémentaires pour maximiser la consommation locale et capter davantage de valeur de la production solaire.

Pour illustrer ce point, une simulation correspondant à une entreprise industrielle moyenne en Suisse romande, présentée au Forum Romande Energie, portait sur un projet de consommation collective RCPv basé sur une centrale photovoltaïque de 400 kWc, avec un taux d’autoconsommation de 40 % sur une période de 25 ans. 

Grâce à la valorisation locale de l’énergie solaire, vendue à un tarif supérieur au prix de reprise, le producteur pourrait générer jusqu’à CHF 420’000.– de revenus supplémentaires sur 25 ans. 

Du côté des consommateurs membres de la solution d’autoconsommation collective, le prix d’achat de l’électricité, inférieur au tarif GRD, donne l’opportunité d’économiser jusqu’à CHF 280’000.–* au total sur la même période. 

* Valeurs de consommation 2025 par kWh hors TVA, pour une entreprise au Tarif pro - BT DUP faible Heures Creuses, hors puissance – 50’000 kWh/an.

2. Optimisation temporelle : stocker l’énergie au bon moment

Deuxième levier possible : le stockage sur site. Installer une batterie permet de consommer l’énergie solaire au moment le plus favorable, de réduire les pics de consommation lors des périodes de forte demande mais aussi de contribuer à l’équilibre du réseau électrique. L’entreprise peut ainsi lisser sa courbe de charge et limiter le surplus d’énergie solaire réinjecté dans le réseau. 

Lors du Forum Romande Energie, Sébastien Chambon, a pris l’exemple d’un site industriel consommant environ 1 GWh par an.

Trois configurations ont été analysées : sans installation solaire, avec photovoltaïque seul, et avec photovoltaïque couplé à une batterie de stockage.

• Sans installation solaire, le coût de l’électricité pour le client final était de 23 ct./kWh. 
• Avec une installation PV seule, l’entreprise a pu atteindre 51% d’autoconsommation, réduisant sa consommation réseau de moitié et réalisant CHF 100'000.- d’économies annuelles. 
• En ajoutant une batterie de 2.2 MWh, l’autoconsommation est montée à 77%, pour environ CHF 125'000.- d’économies annuelles.

Avant de choisir une approche ou d’en combiner plusieurs, voici quelques repères utiles pour toute entreprise :

1. Quel est le profil de consommation électrique du site ? (Stable, variable, saisonnier, par tranche horaire, etc.) 
2. Quelle part de la production solaire est autoconsommée aujourd’hui ? (20%, 60%, voire 100% ?) 
3. Existe-t-il un potentiel de mutualisation avec d’autres bâtiments ou partenaires ? (Entités voisines, installations communales, sites distants, etc.) 
4. La maîtrise des coûts énergétiques est-elle un enjeu stratégique ? (Pilotage budgétaire, gestion de risques, objectifs climatiques, etc.) 
5. Le site présente-t-il un intérêt pour du stockage pour augmenter son autonomie ou son autoconsommation ? (Activité industrielle, besoin d’indépendance, optimisation de la courbe de charge, etc.) 

Choisir d’intégrer une production solaire, que ce soit via un investissement direct ou une solution en contracting, représente déjà un pas décisif dans la décarbonation d’une entreprise. L’étape suivante, pour la rentabiliser et la faire vivre dans le temps, est de l’adapter aux usages actuels, à la réglementation et aux nouvelles opportunités de valorisation. 

En combinant autoconsommation, consommation collective et stockage, les entreprises disposent aujourd’hui d’un éventail de leviers concrets pour renforcer leur performance énergétique et inscrire leur activité dans une trajectoire durable, cohérente et résiliente.

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