Nous sommes aujourd’hui tous conscients qu’il est urgent d’agir pour protéger l’environnement et limiter notre consommation d’énergie. Et nous sommes nombreux à vouloir apporter notre pierre à l’édifice et à faire des efforts au quotidien pour être davantage en accord avec les limites de notre planète Terre. Mais par où commencer ? Quelles « bonnes actions » sont les plus efficaces ? Car oui, chaque écogeste a plus ou moins d’impact sur notre bilan global et parfois une seule action dans un domaine peut annuler tous les efforts entrepris pendant une année dans un autre domaine. Voyons plutôt.
Les vraies bonnes actions écologiques
Fermer l’eau du robinet quand on se brosse les dents, éteindre la lumière en quittant une pièce, trier ses déchets : voici des actions qu’on nous répète depuis notre plus tendre enfance. Ces écogestes sont certes utiles, mais de loin pas suffisants pour enrayer les problèmes environnementaux actuels. En d’autres termes et pour reprendre le titre d’un ouvrage signé Anaëlle Sorignet, « on ne sauvera pas le monde avec des pailles en bambou », il est primordial d’agir dans d’autres domaines également et de manière plus conséquente.
L’importance de la mobilité
Selon une étude de l’EPFZ, 46% des émissions de CO2 produites par les Suisses sont dues à la mobilité (contre 33% pour le logement). Voici donc un secteur où il vaut la peine de prendre des mesures efficaces. Abandonner sa voiture pour privilégier le vélo, la marche ou encore les transports publics est l’une des mesures les plus impactantes.
Sachant que la moitié du temps de déplacement journalier des Suisses est consacré aux loisirs (contre 20% pour le travail), une remise en question de nos loisirs, ainsi que du moyen de transport utilisé pour s’y rendre est plus que nécessaire. Par loisirs, on entend aussi week-end et vacances. Or les Suisses sont friands d’exotisme, ce qui mène à une augmentation constante des distances parcourues en avion (8'986 km/hab. en 2015, contre 1'500 km/hab. pour les Français en 2016 !). Ces vols en avions ont un effet désastreux sur notre environnement. En effet, aucune autre activité humaine n’émet autant de CO2 en si peu de temps.
En matière de mobilité globale, les choix peuvent s’avérer compliqués et les apparences trompeuses. Regardons de plus près plusieurs cas de figure :
- L’automobiliste convaincu qui possède un 4x4 et l’utilise quotidiennement, y compris pour partir en vacances. Son bilan carbone pour les transports s’élève à 3’000 kg de CO2 par an pour 15'000 km parcourus.
- L’automobiliste modéré qui conduit une petite voiture et n’effectue que 5'000 km par an, le reste du temps il se déplace à pied, et prend l’avion une fois par année pour rendre visite à un membre de sa famille qui habite à 1’000 km. Son bilan carbone pour les transports s’élève à 1'125 kg de CO2 par an.
- Le cycliste invétéré qui se déplace à vélo toute l’année et par tous les temps, et prend le train pour les trajets plus longs et parfois le taxi en fin de soirée. Pour ses vacances, il s’offre un voyage par année au soleil (18'000 km aller-retour pour se rendre au Mexique). Son bilan carbone pour les transports s’élève à 4’150 kg de CO2 par an (dont près de 4'000 kg uniquement pour le vol en avion !).
- L’accro aux transports publics qui fait la majorité de ses trajets en train, y compris pour partir en vacances, il n’a pas de voiture mais en loue une si besoin (pour un total de 1'500 km par an). Son bilan carbone pour les transports s’élève à 300 kg de CO2 par an.
Comme le montrent ces exemples, certaines actions ponctuelles ont des impacts considérables sur un bilan carbone : c’est le cas des vols en avion (exemple du cycliste). Par ailleurs, ils montrent que la mobilité douce et les transports en commun permettent de réduire drastiquement son empreinte carbone. C’est pourquoi il est important de faire les bons choix en matière de mobilité.
Au-delà de la question du report modal (changement de moyen de transport), la notion de non-mobilité s’impose petit à petit comme un autre enjeu en matière de réduction des impacts de la mobilité. La non-mobilité consiste à ne plus du tout effectuer certains trajets, afin de réduire sa mobilité de manière globale. Le Canton de Genève estime, dans son étude « neutralité carbone à Genève en 2050 », que pour parvenir à un bilan carbone neutre, la non-mobilité doit être mieux valorisée. Cela passe par exemple par une pratique du télétravail à large échelle pour limiter au strict minimum les déplacements pendulaires.
L’alimentation, un domaine qui compte
La grande majorité d’entre nous sommes conscients de l’impact de notre mobilité sur la consommation d’énergie et donc les émissions de gaz à effet de serre qu’elle génère. Mais un sujet encore trop peu mis sur le devant de la scène quand on parle d’impact environnemental est l’alimentation.
L’alimentation impacte la biodiversité, la qualité des eaux et des sols, et mène à une production importante de déchets. Son impact sur le climat est aussi particulièrement important, puisque 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont dues à l’alimentation (provenant notamment de l’élevage, l’agriculture et le transport). En Suisse, 28% des atteintes à l’environnement causées par la consommation sont dues à l’alimentation.
Le facteur le plus déterminant pour limiter l’impact de son alimentation est la consommation de viande : 48% des gaz à effet de serre suisses liés à l’alimentation sont dus aux produits d’origine animale. Un repas avec de la viande a trois fois plus d’impact environnemental qu’un repas sans viande. De nos jours, on observe une surconsommation de produits carnés : nombreux sont encore ceux qui en mangent quotidiennement, alors que les nutritionnistes recommandent de n’en manger que 2 à 3 fois par semaine. Réduire sa consommation de viande est donc une mesure particulièrement efficace pour limiter son impact sur l’environnement (comme nous l’avons vu dans l’article sur les éco-bilans), et prendre soin de sa santé.
Bien que la thématique de l’alimentation soit très personnelle, car liée à des goûts, des habitudes, des traditions et des croyances, il est important d’en parler au vu de l’impact élevé qu’elle a. Les communes et entreprises peuvent par exemple jouer un rôle important dans la sensibilisation et la prise de conscience en la matière. Par exemple, les restaurants d’entreprises ou d’établissements scolaires, sont toujours plus nombreux à offrir des menus « respectueux du climat ». Comme toujours plus de repas sont pris à l’extérieur du foyer, ces cantines jouent un rôle majeur dans l’évolution des habitudes alimentaires. Eaternity, une spin-off de l’EPFZ, a évalué que si tous les Européens et les Américains mangeaient trois fois par semaine un repas respectueux du climat, cela représenterait l’équivalent de la disparition de 57 millions de voitures. Comme quoi, une partie de la solution se trouve aussi au bout de notre fourchette !
Et finalement, consommer moins
Comme nous le savons, nos habitudes de consommation ont un impact majeur sur l’environnement. Et la plupart de ces atteintes ont lieu à l’étranger, puisque nous importons la majorité des biens que nous consommons en Suisse. Pour parvenir à une société plus durable, il nous faut donner un gros coup de frein à cette consommation. Nous l’avons vu dans l’article sur la sobriété énergétique, nous utilisons en moyenne notre voiture une heure par jour et notre perceuse 13 minutes dans notre vie. Afin d’avoir un véritable impact et de permettre à notre planète de respirer un peu mieux, il parait primordial de nous poser avant tout la question de la nécessité de nos achats, qu’ils soient minimes ou conséquents. Tout objet a un impact environnemental. Par ailleurs, de plus en plus de solutions alternatives s’offrent aux consommateurs, tel que la location ou le partage (auto-partage comme Mobility, mais aussi le partage d’objets, que cela soit avec ses voisins via l’initiative Pumpipume par exemple, ou par des bibliothèques d’objets et boîtes d’échange).
Mais toute action est bonne à prendre !
Mobilité, alimentation, consommation : nous avons présenté quelques actions très efficaces. Mais n’oubliez pas pour autant vos petits gestes : « les petits ruisseaux font les grandes rivières » comme dirait l’autre ! Rien qu’en éteignant complètement nos appareils électroniques au lieu de les laisser en veille, nous pourrions économiser pour 160 millions de francs de facture d’électricité en Suisse. Ces petits gestes ne doivent donc pas être négligés et même être mis en place au plus vite si ce n’est pas encore le cas ! Il s’agit toutefois pour nous tous d’accélérer le rythme de la transition pour tenir compte de l’urgence d’agir.
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