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Pour les étés toujours plus chauds qui nous attendent, allions fraîcheur et respect de l’environnement au bureau

bureau

En raison du réchauffement climatique, les températures moyennes augmentent et les périodes de chaleur qui nous attendent seront à la fois plus longues et plus intenses. Pour maintenir une température au bureau agréable et favorable à la productivité sans consommer trop d’énergie, un large éventail de solutions existe. Urbanistes, architectes, ingénieurs, paysagistes, dirigeants, employés, nous avons tous notre carte à jouer.

Réchauffement climatique et bureaux climatisés : quels enjeux ?
Santé et productivité

Des températures trop élevées peuvent notamment causer des maux de tête, de la fatigue et des nausées. La productivité des employés peut donc diminuer rapidement. « Quand la température monte à 28 degrés, la performance baisse de 5 %. À 31 degrés, c'est déjà 10 % de moins », explique Christian Monn, assistant de recherche au Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) à Berne. Le SECO recommande ainsi une plage de température de 23 à 26 degrés Celsius pour les travaux de bureau en été. Tout l’enjeu consiste donc à maintenir ces températures intérieures en utilisant le moins d’énergie possible.

Climatisation, énergie et changement climatique

À cause du réchauffement climatique, la demande en climatisation explose à travers le monde et pourrait être multipliée par 30 d’ici la fin du siècle, d’après une estimation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Élément paradoxal, la climatisation permet de moins subir les effets du réchauffement climatique, mais elle contribue en même temps à le renforcer. Pourquoi ? À cause des fluides réfrigérants utilisés dans ces installations qui émettent des gaz à effet de serre. En plus, la climatisation utilise beaucoup d’électricité. La consommation d’électricité à des fins de refroidissement représente chaque année environ 8 milliards de kWh (8000 GWh) en Suisse, soit 14% de la consommation totale d’électricité du pays (OFEN, 2013). C’est énorme et ça ne fera qu’augmenter. Une évaluation menée en 2009 par des chercheurs de l’Agence environnementale néerlandaise conclut même que d’ici au milieu du siècle, la quantité d’énergie utilisée dans le monde pour le refroidissement sera supérieure à celle utilisée pour le chauffage. Selon le rapport « Les changements climatiques et la Suisse en 2050, impacts attendus sur l’environnement, la société et l’économie » réalisé par l’organe consultatif pour le changement climatique (OcCC), pour une hausse de la température d’environ 2.5 °C jusqu’en 2050, telle que le scénario climatique la prévoit dans ce rapport, il faut s’attendre à une augmentation des degrés-jours de climatisation d’environ 150%.

Protection contre l’excès de chaleur et impacts économiques

Selon une étude mandatée par l’Office fédéral de l’énergie, la protection contre l’excès de chaleur causera à elle seule des coûts de 10 francs par m2 et par année. La surface de bureaux s’élève actuellement en Suisse en gros à 40 millions de m2 ; la surface totale chauffée et éclairée du secteur des services est de plus de 150 millions de m2. La climatisation de deux tiers de cette surface occasionnerait des dépenses de 1 milliard de francs par an. Cependant, le bénéfice retiré sous forme de productivité au travail et d’attractivité de la place de travail serait encore plus considérable selon les estimations, raison pour laquelle la climatisation des bâtiments deviendra un thème central ces années à venir. Et rafraîchir avec le moins d’énergie possible devient donc une question essentielle sur laquelle réfléchir au plus vite.

climatisation écologique

4 pistes pour rafraîchir sans consommer d’énergie
1. Inspirons-nous de l’urbanisme traditionnel des pays chauds

De nombreux pays ont réfléchi depuis longtemps déjà, bien avant l’arrivée de la climatisation, à la manière de construire leurs villes et leurs villages pour qu’ils soient le plus frais possible. Il s’agit aujourd’hui de s’en inspirer. Comment concevoir nos villes pour y maximiser l’ombre, diminuer la chaleur issue du soleil, faciliter la circulation de l’air ? Quels matériaux choisir pour garder l’humidité et permettre son évaporation lors des journées chaudes ? Quelles couleurs des bâtiments réduisent l’absorption et l’émission de chaleur rayonnante ? Les cours intérieures par exemple, dans lesquelles se trouvent souvent arbres et puits, maximisent les zones d’ombres dans la journée et envoient, comme une cheminée, l’air chaud vers le haut et le remplacent par l’air plus frais des pièces attenantes, permettant ainsi la circulation de l’air. Une technique parmi d’autres dont nos architectes et urbanistes pourraient s’inspirer, si ce n’est pas déjà le cas.

2. Végétalisons nos villes et nos villages

Le rapport de la Confédération « Quand la ville surchauffe : Bases pour un développement urbain adapté aux changements climatiques » donne de nombreux conseils pour concevoir des villes plus fraîches. Une des mesures-phares consiste à végétaliser. « Les espaces verts sont les champions du rafraîchissement. Leur taille joue un rôle important pour « l’effet à distance » dans l’espace urbain : il est avéré à partir d’un hectare environ. Mais des îlots de fraîcheur plus petits, des cool spots, sont aussi précieux. L’aménagement des espaces verts et la végétation sont essentiels pour l’effet rafraîchissant. Des arbres qui apportent de l’ombre et une diversité microclimatique sont particulièrement importants.»

3. Adoptons des gestes simples au travail et adaptons notre dress code

L’Office fédéral de l’énergie a réalisé un guide destiné aux entreprises pour proposer des alternatives aux climatisations gourmandes en énergie. Le guide Restez cool propose des conseils de comportements simples, comme :

  • baisser les stores dès le matin : ces stores doivent être extérieurs et devraient être de couleur claire ;
  • aérer correctement : la nuit et tôt le matin ;
  • choisir des ventilateurs adaptés et les utiliser correctement, cela peut avoir les mêmes effets qu’un climatiseur en consommant beaucoup moins d’énergie ;
  • réduire les sources de chauffage supplémentaires : éteindre les éclairages et le matériel informatique inutiles, déplacer les appareils qui dégagent en permanence de la chaleur dans des pièces non utilisées ;
  • rendre le travail plus flexible pour pouvoir travailler à des heures moins chaudes ;
  • proposer un dress code adapté aux températures.


4. Développons des technologies innovantes

Les designers et ingénieurs ont également leur rôle à jouer pour innover. Voici quelques pistes intéressantes.

Une tapisserie qui climatise sans énergie : The woven air-conditioner est un système de refroidissement passif et low-tech qui ressemble à une tapisserie décorative bleue et blanche. Il repose sur l’utilisation d’acides gras d’origine biologique, qui fondent à 25 degrés et absorbent de la chaleur au passage.

Rafraîchir avec le soleil, ça sera bientôt possible avec le matériau appelé SolCold en cours de développement. Ce matériau est composé de deux couches : la première filtre les rayons et la seconde refroidit le matériau en transformant la chaleur en lumière grâce au processus physique de la fluorescence anti-stockes. Cette technologie pourrait faire baisser la température de 10 degrés, et permettre de faire des économies d’énergie considérables, jusqu’à 60%.

Et si la climatisation est vraiment nécessaire, alors suivez ces quelques conseils
Le guide Restez cool donne des recommandations si le recours à la climatisation est vraiment nécessaire.

  • Avant l’achat : choisissez un climatiseur de la bonne dimension, favorisez les dispositifs split et consultez l’étiquette énergie.
  • Lors de l’installation : assurez la libre circulation de l’air, trouvez une place à l’ombre et assurez une bonne étanchéité.
  • En service : fermez les fenêtres et les portes, refroidissez de façon modérée, éteignez en cas d’absence et entretenez régulièrement votre appareil.
Hélène Monod
Rédigé par Hélène Monod · Rédactrice

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