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Stratégie climatique à l'échelle communale

Stratégie climatique

Depuis quelques années, la question climatique est sur toutes les lèvres. Il est désormais acquis que nous devons agir à tous les niveaux pour faire face à ce que l’on peut sans hésiter appeler le défi du siècle. Directement impactées par les changements climatiques, les communes ont un rôle important à jouer à cet égard. En effet, elles sont compétentes pour agir dans des domaines tels que la mobilité, l’énergie ou l’aménagement du territoire, et sont en lien direct avec les acteurs du territoire. En Suisse, elles sont déjà nombreuses à s’engager dans ce sens.

Une stratégie, deux objectifs
Une stratégie climatique communale (ou un plan climat) vise deux objectifs principaux : réduire les émissions de gaz à effet de serre émises par la commune ainsi que par les acteurs du territoire (volet atténuation), et s’adapter aux conséquences des changements climatiques (volet adaptation).

Se lancer dans un plan climat communal, c’est rendre son territoire plus résilient face aux changements à venir. C’est également une opportunité d’améliorer les conditions d’attractivité de la commune et la qualité de vie sur le territoire.

Pour y parvenir, plusieurs enjeux essentiels doivent être pris en compte :

  1. Penser le territoire dans sa globalité : le climat est une thématique transversale par excellence (elle touche aux infrastructures, à la biodiversité, à la mobilité, à la santé publique, au tourisme, etc.). Il s’agit donc de se pencher sur la thématique de manière transversale et interdisciplinaire.
  2. Favoriser la diversité et la coopération entre les acteurs : par sa transversalité, la thématique du climat concerne de nombreux acteurs. L’élaboration d’un plan climat nécessite de les réunir et de les amener à élaborer des réponses collectives aux enjeux auxquels nous faisons face. Co-créées par les différents acteurs, ces réponses sont alors véritablement adaptées à la réalité du terrain et trouvent une meilleure adhésion pour garantir leur concrétisation.
  3. Encourager l’apprentissage et l’innovation : pour faire face aux enjeux climatiques, il est important de tirer des leçons du passé, d’avancer et de progresser collectivement. Les impacts des changements climatiques étant parfois imprévisibles et les connaissances scientifiques évoluant rapidement, il est essentiel de chercher des solutions innovantes et des réponses originales.
  4. Affirmer les spécificités territoriales : afin de mener une stratégie climatique efficace, il est nécessaire d’avoir une excellente connaissance du territoire et de comprendre son fonctionnement. Ces connaissances permettent de trouver des solutions « sur mesure » adaptées aux réalités locales, et qui seront adoptées par les acteurs du territoire.
  5. Promouvoir la veille et l’anticipation : l’enjeu climatique est en perpétuelle évolution. Il est ainsi nécessaire d’anticiper et de prévenir les risques à venir, et de porter son attention sur un horizon temporel plus lointain.


En prenant en compte ces cinq enjeux, les communes sont assurées de développer un plan climat adapté aux enjeux climatiques propres à leur territoire, menant à des résultats concrets, et auquel les acteurs du territoire peuvent souscrire.

Une stratégie transversale portée par les acteurs du territoire
Comme nous l’avons vu ci-dessus, plus qu’une simple stratégie isolée, le plan climat est une véritable politique publique globale. Elle vise à intégrer la dimension « climat » au sein de chaque décision municipale, de chaque projet et de chaque politique publique sectorielle de l’administration communale.

Et plus qu’une stratégie de l’administration communale, le plan climat est une stratégie pour le territoire et ses acteurs. Lorsqu’une commune s’engage dans une démarche de stratégie climatique, il est important qu’elle prenne contact avec les acteurs du territoire (associations, entreprises, habitantes et habitants), et qu’elle les intègre dans la démarche afin qu’ils se l’approprient. Le succès d’un plan climat réside en effet dans l’adoption de ce dernier par les acteurs du territoire. L’intégration de ces derniers peut passer par exemple par la réalisation d’ateliers participatifs visant à identifier collectivement les objectifs et mesures du plan climat communal.

Mais concrètement, à quoi ressemble un plan climat ?
Les communes ont plusieurs angles d’attaque en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux changements climatiques.

La marge de manœuvre communale réside notamment dans les domaines suivants :

Pour le volet atténuation :

  • Approvisionnement énergétique des bâtiments communaux et des bâtiments du territoire (p.ex. développement et promotion des énergies renouvelables, telles que l’énergie photovoltaïque ou les chauffages à distance renouvelables) ;
  • Efficacité énergétique (p.ex. rénovation des bâtiments communaux, subventions pour la rénovation des bâtiments privés) ;
  • Mobilité (p.ex. développement des infrastructures de mobilité douce, développement de l’offre en transports publics, subventions de la mobilité douce, restriction d’utilisation des véhicules à moteur thermique) ;
  • Consommation durable (p.ex. promotion et sensibilisation à une alimentation et consommation locale et durable) ;
  • Etc.


Pour le volet adaptation :

  • Nature en ville (p.ex. végétalisation du territoire, gestion durable et proche de l’état naturel des espaces verts, développement de biotopes, choix d’espèces arborées adaptées aux changements climatiques, cours d’eau renaturés) ;
  • Aménagement du territoire (p.ex. espace public adapté aux conditions climatiques, avec des sols et substrats perméables, des places publiques ombragées et végétalisées) ;
  • Santé publique (p.ex. plan d’action en cas de canicule, surveillance et lutte contre les organismes nuisibles) ;
  • Tourisme (p.ex. adaptation des activités touristiques aux nouvelles conditions climatiques, notamment le manque de neige et l’augmentation des températures estivales) ;
  • Etc.


La mise en place d’un plan climat nécessite la définition d’objectifs dans ces différents domaines ainsi que le développement d’un plan d’actions concret.

Les communes sont désormais de plus en plus nombreuses à s’engager à leur niveau en faveur du climat. Ces démarches répondent d’une part à la nécessité d’agir en la matière au vu de l’ampleur de la crise climatique qui nous attend, et d’autre part à la volonté populaire grandissante de s’engager pour une transition énergétique, écologique et climatique forte.

Lausanne, une ville zéro carbone
Pour lutter contre les changements climatiques, la Ville de Lausanne s’est fixée plusieurs objectifs : elle vise zéro émission directe d’ici à 2030 pour la mobilité, et zéro émission pour l’ensemble des émissions directes au plus tard à 2050. Pour y parvenir, la ville compte interdire les véhicules à essence sur son territoire d’ici à 2030. En parallèle des mesures visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre, la Ville a également pris des mesures d’adaptation aux changements climatiques. Celles-ci doivent permettre de diminuer les pics de chaleur, de gérer de façon optimale la sécheresse et les inondations ou encore de préserver la nature et favoriser la biodiversité. La Ville vise par exemple à augmenter de 50% la surface foliaire (surface des feuilles d’arbres) sur le territoire urbain d’ici à 2040.

Stratégie climatique

Les petites communes également engagées
S’engager pour le climat n’est pas réservé uniquement aux grandes villes. Les petites communes s’engagent également. Le village d’Ungersheim en Alsace en est la preuve : ce petit village de 2000 habitants est devenu un véritable modèle en matière de transition écologique. Cette commune s’engage fortement pour devenir indépendante en énergie et en alimentation. Afin d’y parvenir, elle a installé 40'000 m2 de panneaux solaires en 2015 (surface de sept terrains de foot), qui produisent l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 10'000 personnes. Afin de devenir autonome en alimentation, la commune a développé sa propre exploitation maraîchère de 8 hectares, 100% bio. Les fruits et légumes qui y sont produits approvisionnent les habitants ainsi que les cantines scolaires. Côté mobilité, le bus scolaire a été remplacé par une calèche, également utilisée pour les travaux de voirie. Les différentes initiatives en faveur de la transition menées par la commune lui ont permis de réduire ses émissions de CO2 de 600 tonnes par an (équivalent aux émissions annuelles de près de 55 habitants). Elles ont également permis de créer plus d’une centaine d’emplois. Par ailleurs, ces actions ambitieuses permettent à la commune de faire des économies importantes sur le budget communal. Depuis 2005, la commune a ainsi pu éviter d’augmenter les taxes communales.

Juliette Lerch
Rédigé par Juliette Lerch · Spécialiste durabilité

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