L'Association des entreprises électriques suisses (AES) a publié en décembre 2022 l'étude « Avenir énergétique 2050 » qui tente de répondre à la question : à quoi pourrait ressembler l'approvisionnement énergétique de la Suisse d'ici 2050 – lorsque le pays est supposé avoir atteint la neutralité carbone ? Le rapport révèle notamment que sans une accélération massive du développement des énergies renouvelables et un échange étroit d'énergie avec l'Europe, la Suisse ne pourra pas atteindre ses objectifs énergétiques et climatiques actuels et futurs. Ce bref article présente une synthèse de l’étude, en mettant en avant les axes de travail et les solutions avancées.
Avenir énergétique 2050
Contexte de publication du rapport
L'étude « Avenir énergétique 2050 » est la ligne directrice pour la branche, la politique et la société. Cette recherche – menée par environ 70 collaboratrices et collaborateurs de la branche – examine les scénarios pouvant permettre de modifier le système énergétique suisse actuel ainsi que leurs impacts potentiels, en particulier en ce qui concerne les objectifs énergétiques et climatiques de la Suisse. L'étude démontre comment le système énergétique suisse peut évoluer avec l'aide de quatre scénarios réalistes basés sur deux dimensions générales. D'une part, l'acceptation de nouvelles infrastructures énergétiques (développement offensif VS défensif) affecte la transformation du système. D'autre part, l'intégration de la Suisse dans le marché de l'énergie européen, notamment par le biais d'accords avec l'Union européenne, est également un facteur d'influence (Suisse intégrée VS isolée).
Axes de travail et scénarios envisagés
Les quatre scénarios sont explicités dans le schéma suivant :
La première dimension décrit la position de la Suisse par rapport à l’Europe énergétique. Les deux positions envisagées sont d’une part « isolée » et d’autre part « intégrée ». La position « isolée » implique que la Suisse n’est guère intégrée dans l’Europe de l’énergie et doit en grande partie s’approvisionner elle-même en électricité. Les capacités d’importation et d’exportation sont très limitées. L’échange de nouveaux agents énergétiques n’est possible que dans une mesure réduite. La position « intégrée » de la Suisse sous-tend pour sa part que le pays est totalement incorporé à l’Europe énergétique. Il peut donc échanger en grande quantité de l’électricité avec ses voisins. L’échange de nouveaux agents est donc possible à grande échelle.
La seconde dimension est la position – ou l’acceptation – nationale de nouvelles infrastructures énergétiques et technologies. Les deux postures envisagées sont « défensive » et « offensive ». La posture dite défensive prévoit un développement limité de la production d’électricité au moyen de technologies actuellement largement acceptées. Aucune mesure de grande ampleur ne peut être prise du côté de la demande. La posture offensive présage une acceptation nationale élevée de nouvelles infrastructures énergétiques, ce qui encourage le développement de la production d’électricité dans le pays au moyen de toutes les technologies disponibles. De même, des possibilités pour notamment piloter la consommation et la production sont mises en œuvre.
Principales conclusions du rapport
Le rapport se conclut par 12 constats principaux issus des quatre scénarios envisagés, dont voici une synthèse.
Accélérer le changement de paradigme énergétique pour atteindre les objectifs climatiques est primordial pour la Suisse. Les besoins en électricité augmentent, notamment pour remplacer les énergies fossiles dans les transports et le chauffage. Les scénarios envisagés impliquent une électrification complète pour atteindre la neutralité climatique. L'acceptation de nouvelles infrastructures énergétiques et l'intégration dans le marché européen de l'énergie sont des dimensions importantes pour transformer le système énergétique actuel. Le scénario « offensif-intégré » est le plus favorable en termes de coûts et de dépendance aux importations d'électricité. La réduction des importations d'énergie fossile pourrait représenter une économie annuelle de 1 à 5 milliards de francs suisses. L'hydroélectricité restera le pilier du système énergétique suisse, avec environ 35 TWh/an de production. Le photovoltaïque alpin et l'éolien apportent quant à eux une production électrique d'environ 2 TWh et 3 TWh, respectivement dans les scénarios « offensifs ». Pour renforcer la sécurité d'approvisionnement en hiver, il est possible d'ajouter environ 2 TWh de production d'électricité à partir de l'eau accumulée. Enfin, l'importation d'hydrogène vert via le réseau européen peut devenir un élément-clé de l'approvisionnement énergétique de la Suisse en hiver, en plus de l'hydroélectricité et du photovoltaïque. Cependant, la transformation du système énergétique suisse dépend non seulement de l'acceptation de nouvelles infrastructures énergétiques, mais aussi d'une étroite coopération énergétique avec l'Union européenne. La Suisse doit ainsi poursuivre ses efforts pour atteindre les objectifs énergétiques et climatiques fixés.
Conclusion
En définitive, le rapport mentionne des éléments déterminants, qui ne demandent « plus qu’à » être mis en œuvre, tant financièrement, techniquement que politiquement. En effet, que ce soit tant via une transformation du système actuel vers une électrification complète qu’une collaboration stable avec les pays voisins et donc l’Union européenne, cette étude fait office de feuille de route pour la planification énergétique cruciale actuelle et future. Cependant, il manque peut-être un regard plus critique et détaillé sur la façon dont l’énergie est actuellement consommée en Suisse, ainsi que sur la diminution des besoins en la matière.
Liens consultés pour rédiger cet article et ressources utiles
strom.ch/fr/avenir-energetique-2050/resultats
strom.ch/fr/avenir-energetique-2050/telechargements
rts.ch/info/suisse/13630861-michael-wider-pour-atteindre-ses-objectifs-energetiques-et-climatiques-la-suisse-doit-aller-plus-vite.html
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