Lancée initialement par le Canton de Vaud, la plateforme Boussole21 propose aux acteurs publics et privés d’analyser la durabilité de leur projet. Un outil pratique qui permet de bénéficier d’une vue d’ensemble claire tout en favorisant la collaboration entre les parties prenantes. Explications.
Boussole21: mode d'emploi
Lancer un projet durable peut vite constituer un véritable casse-tête si l’on ne bénéficie pas d’un cadre de travail organisé. Quel que soit le domaine concerné par un tel projet, la durabilité est avant tout une affaire commune, dans laquelle de nombreux acteurs et partenaires peuvent être amenés à intervenir. Une donne valable aussi bien pour des initiatives privées que pour des démarches collectives entreprises au niveau public. Dans ce cadre, l’État de Vaud a lancé il y a quelques années déjà Boussole21, une plateforme d’aide à la réalisation et au suivi de projet durable.
Objectif principal : analyser la durabilité de son projet au sein d’un espace de travail collaboratif permettant à chaque partie prenante d’apporter sa contribution et ses réflexions. Concrètement, Boussole21 se présente sous la forme d’une plateforme web. Développé en Open Source, le logiciel a continuellement été amélioré durant ces dernières années par le Canton de Vaud, les responsables d’associations de développement économique régionales vaudoises, le Canton de Fribourg, le Canton du Valais ainsi que la société Estia du Parc scientifique de l’EPFL.
Bureau virtuel
En ligne, la plateforme Boussole21 permet de réaliser une évaluation rapide de son projet en prenant en compte 20 critères tels que la mobilité, l’énergie, la résilience économique, la formation et l’éducation, la cohésion sociale ou encore la gestion publique. Pour chaque aspect pris en compte par le logiciel, une évaluation basée sur un système de notation allant de « défavorable » à « favorable » permet d’analyser en détail l’impact durable de son projet.
« L’outil a en effet été pensé de la manière la plus large possible dès sa conception », souligne Guillaume de Buren, Chef du Bureau de la durabilité à l’État de Vaud. « Bien plus qu’un système de quantification objectif, Boussole21 se base sur une approche systémique, invitant les utilisateurs de la plateforme à approfondir des réflexions ouvertes sur tous les aspects pouvant être liés ou impactés par leur projet. Imaginons un projet de mobilité, outre les aspects pratiques, économiques et écologiques, il est possible grâce à la plateforme de considérer l’impact en termes de cohésion sociale. Le projet est-il inclusif et favorise-t-il le lien social ou, au contraire, marginalise-t-il une partie de la population ? Ces questionnements permettent d’intégrer tous ces paramètres à l’équation durable dont il est question. C’est d’ailleurs ce qui fait la force et la pertinence de la plateforme. »
Accessible à tous, le système ne nécessite pas de compétences ni de connaissances spécifiques préalables. Des modules multi-utilisateurs facilitent en outre la collaboration et la gestion de projet avec des check-lists et validations intermédiaires. L’outil est par ailleurs conçu de manière à pouvoir suivre toutes les phases d’un projet durable, de l’élaboration des premières étapes au suivi des effets et performances en passant par la réalisation.
« Pensé de manière ouverte, l’outil offre en outre la possibilité aux porteurs d’un projet d’inviter des experts à donner leur analyse ou leur évaluation sur des points spécifiques, ce qui permet de compléter le rapport final fourni par la plateforme avec une expertise neutre et externe au projet concerné », précise le Chef du Bureau de la durabilité du Canton de Vaud.
Conformité au cadre légal
Pour les projets publics, tout comme des initiatives et démarches privées, Boussole21 permet aussi et surtout d’avancer dans son projet en s’assurant de sa conformité avec les différents engagements en matière de durabilité. Il est par exemple attendu des services de l’administration qu’ils documentent les impacts en termes de durabilité des objets qu’ils soumettent au Conseil d’État et au Grand Conseil. Sur le site de Boussole21, il est par ailleurs précisé pour la région vaudoise qu’« au Service de l’économie, l’évaluation de la durabilité avec Boussole21 est obligatoire pour toutes les demandes financières pour des projets régionaux d’infrastructures faites au titre de la loi cantonale sur l'appui au développement économique et de la loi fédérale sur la politique régionale (LPR) ».
Même dynamique dans les Cantons de Fribourg et du Valais, où les projets de lois et de décrets doivent mentionner les effets en termes de durabilité. Ce qui explique d’ailleurs l’adoption de Boussole21 pour soumettre la majorité de ces projets depuis plusieurs années.
« Pour les autorités, l’utilisation de Boussole21 permet de se baser sur des critères et évaluations limpides, par exemple pour se prononcer sur l’allocation de fonds à un certain projet », ajoute Guillaume de Buren. « Si la plateforme a d’abord été pensée comme un outil destiné aux collectivités, son utilisation dans le cadre de projets privés reste évidemment tout à fait possible et pertinente. Gratuit et en open source, il est très facile à utiliser, par exemple pour des projets d’architecture ou encore des initiatives ponctuelles. »
Exemple palinzard
Dans la Commune d’Epalinges, l’utilisation de Boussole21 est devenue systématique depuis plusieurs années déjà pour la remise de tous les préavis au Conseil communal. Une pratique généralisée pour tout type de projet qui permet aux responsables ainsi qu’aux membres du Conseil de bénéficier d’une évaluation durable rapide et précise. Pour Maurice Mischler, en charge des finances, de la durabilité, de l’énergie, de la mobilité et des bâtiments, l’outil a en outre permis d’affiner la sensibilité aux enjeux durables auprès des chargés de projets et des membres de la Commune.
« L’intérêt principal de l’outil consiste en effet à pouvoir obtenir un aperçu rapide de l’impact de chaque projet. Présentée sous la forme d’un graphique radar, l’évaluation durable se basant sur les 20 critères retenus par la plateforme est appréciée en un coup d’œil. En remplissant les différents champs prévus par l’évaluation en ligne, l’utilisateur est par ailleurs sensibilisé aux enjeux durables qui concernent son projet. En cas de mauvaise appréciation, l’évaluation finale étant basée sur un système de notation allant de A à F, un responsable de projet va pouvoir identifier directement les éléments problématiques et les potentiels d’amélioration à explorer davantage dans l’optique de rendre son projet plus durable et de réduire les impacts négatifs qu’il pourrait engendrer. »
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