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Décarboner Paléo Festival, mission impossible ?

Paléo

Conscient des enjeux durables liés à son festival, Paléo s’implique pour réduire l’empreinte carbone de l’événement. Si le monde du spectacle reste plutôt incompatible avec la durabilité, de nombreuses actions sont tout de même menées sur le terrain, permettant de réduire encore un impact déjà maîtrisé.

Paléo, plus grand festival open air de Suisse, est également concerné par les enjeux durables qui marquent notre époque. Déjà positionné sur cette problématique depuis une vingtaine d’années, l’événement continue à s’impliquer en s’entourant de partenaires stratégiques. La manifestation est ainsi scrutée par l’initiative ZenCO2, issue du partenariat entre dss+ et Romande Energie. Experts dans le conseil et l’accompagnement des entreprises en matière de réduction de CO2, les membres de l’initiative ont été mandatés pour effectuer un diagnostic de décarbonisation incluant un bilan carbone et un audit énergétique du festival l’an dernier. Cette fine mesure de l’impact carbone et énergétique de l’édition 2022 sert ainsi de référence de base pour atteindre l’objectif ambitieux que le comité du festival nyonnais s’est fixé : d’ici à 2027, réduire de 25% les 3738 tonnes de CO2 émises annuellement lors des six jours de fête. 

« Un bilan carbone déjà faible, qui fait de cet objectif de réduction un véritable challenge pour l’organisation », souligne Alban Bitz, directeur de dss+ Suisse. « En soi, rappelons aussi que le monde du spectacle reste parfois réfractaire aux attentes et objectifs durables. Durant les six jours du Paléo, les organisateurs ont d’abord pour mission d’assurer le spectacle et de divertir des festivaliers en quête de sensationnalisme. »

 « Malgré tout, des efforts significatifs méritent d’être mis en lumière », indique Marc Roy responsable de projet au sein de ZenCO2. « D’un point de vue énergétique, la manifestation est alimentée en énergie durable depuis plusieurs années déjà. De nombreuses incitations et pistes d’amélioration ont été mises en œuvre dans le passé suite à un premier audit. D’autres propositions sont en cours d’évaluation suite à celui mené l’an passé, dont l’approvisionnement en nourriture et boissons à plus faible impact carbone, l’adoption de mesures d’économie d’énergie sur les scènes et pour la chaîne du froid ou encore le développement d’une offre de mobilité douce toujours plus compétitive par rapport à la voiture individuelle.»

 Paléo en chiffres

 En tant que plus grand festival open air de Suisse, Paléo représente évidemment un événement de taille, dont l’ampleur organisationnelle s’avère des plus considérables. Au total, la manifestation s’étend sur 75 hectares répartis entre 5 communes. Côté musique, six scènes principales offrent une expérience exceptionnelle au public, tandis que près de 200 stands et plus de 60 bars tournent à plein régime durant la fête. 

L’an dernier, Paléo comptabilisait 250’000 spectateurs, 8’500 campeurs et près de 5200 collaborateurs bénévoles. Le show est assuré par près de 2000 artistes et techniciens sur plus de 300 spectacles, le tout sous les yeux de 450 journalistes et techniciens de 140 médias.

 Engagement sur le long terme

 L’audit mené en 2022 par ZenCO2 fait suite au rapport 2010 du premier bilan carbone du festival et au bilan énergétique réalisé en 2007. Un travail continu, mené dans l’optique de poursuivre des efforts et des engagements pris depuis plus de vingt ans par les organisateurs. Pour atteindre les objectifs que le comité s’est fixés, la feuille de route fournie suite au processus d’audit comprend un vaste panel de mesures dans différents domaines tels que le recyclage des déchets, notamment celui des déchets de construction liés aux infrastructures éphémères qui voient le jour à chaque édition. Concernant la restauration, un effort d’incitation et de sensibilisation auprès des tenanciers des stands pour utiliser des équipements plus efficients est aussi préconisé. Mentionnons encore les activités énergivores du camping, où différents potentiels d’économie sont à étudier, sans parler des mesures écologiques à poursuivre en matière de gestion et de traitement de l’eau. Côté mobilité, les transports des festivaliers et également du matériel font partie des axes principaux d’émissions sur lesquels des recommandations d’actions ont été établies. En comprenant toutes les pistes d’amélioration et les préconisations fournies suite aux démarches d’audit, une réduction des émissions ainsi qu’une diminution de la consommation électrique pourraient être atteintes dans des proportions des plus significatives. Sur la durée du festival, le potentiel d’économie en énergie électrique consommée s’élève ainsi à 22’000 kWh, soit 7% de la consommation totale, et à 23’000 kWh de mazout, soit 7% de toute l’énergie consommée durant la manifestation. Des performances énergétiques visées qui s’ajoutent bien sûr à l’engagement pris par Paléo pour réduire de 25% ses émissions de CO2 d’ici à 2027.

 Un engagement que souligne Daniel Rossellat, fondateur et président de l’association Paléo Arts et spectacles. « En mettant en place un tableau de bord environnemental en 1990, Paléo festival a été un précurseur parmi les festivals européens pour limiter son impact sur l’environnement. Nous n’étions pas les seuls, mais nous n’étions pas très nombreux à considérer que les grands événements peuvent jouer un rôle important en faveur de l’environnement. En limitant le volume de nos déchets, en favorisant une mobilité plus responsable et en limitant notre consommation d’eau et d’électricité. L’urgence climatique nous incite à redoubler d’efforts pour limiter notre impact sur les gaz à effet de serre tout en sensibilisant nos festivaliers et partenaires pour les associer à nos objectifs. »

Thomas Pfefferlé
Rédigé par Thomas Pfefferlé · Journaliste innovation

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