Installer du photovoltaïque, petit guide pratique pour une expérience optimale

Que ce soit pour produire sa propre électricité ou réduire sa dépendance aux énergies fossiles, le photovoltaïque représente un investissement écologique de premier ordre. Toutefois, avant de se lancer, il est essentiel de bien préparer son projet et de connaître les différentes étapes, les avantages ainsi que les limites. Nous vous proposons un tour d’horizon des principaux éléments à prendre en compte avant, pendant et après l’installation de panneaux solaires.

Le dimensionnement de son installation solaire est une étape-clé. Il s’agit de trouver l’équilibre entre ses besoins énergétiques et la capacité du réseau à accueillir l’électricité produite. En effet, si l’installation est trop puissante par rapport à sa consommation ou aux capacités du réseau, des difficultés pour la raccorder peuvent apparaître. Le surdimensionnement peut également entraîner des coûts additionnels, en particulier pour le gestionnaire de réseau de distribution (GRD), et retarder la mise en service.

« Le réseau électrique n’a pas été conçu initialement de manière bidirectionnelle », rappelle Nadège Chiaradia, Product Designer & Business Developer chez Romande Energie. « Le fait d’avoir aujourd’hui des flux d’énergie qui transitent dans les deux sens, suite à l’essor du solaire, rend la tâche des GRD complexe. Si une installation photovoltaïque produit trop, nous pouvons être amenés selon les cas à pratiquer ce que l'on appelle l’ajustement d’injection, soit le fait de redimensionner l’onduleur, dont le rôle consiste à convertir le courant issu des panneaux en courant transportable dans le réseau ».

Pour bien dimensionner son projet, il faut tenir compte de sa consommation actuelle et de ses perspectives d’évolution, comme l’achat d’un véhicule électrique ou d’une pompe à chaleur par exemple. Il peut également s’avérer intéressant d’opter pour l’installation d’une batterie résidentielle pour stocker l’énergie excédentaire produite durant la journée.

« L’objectif consiste à tout mettre en œuvre dans l’optique de favoriser au maximum l’autoconsommation », précise Brice Brancaz, responsable produit photovoltaïque chez Romande Energie. « Un dimensionnement adapté et des batteries de stockage vont permettre d’exploiter au mieux son installation, en limitant aussi le refoulement de l’électricité produite en excédent sur le réseau. Pour une batterie résidentielle, le fait de réaliser l’installation avec le même prestataire que l’infrastructure solaire s’avère préférable. »

Le choix de son prestataire solaire est essentiel. Il existe sur le marché de nombreuses entreprises spécialisées dans l’installation de panneaux photovoltaïques et, dans leur démarchage, certains commerciaux peuvent avoir tendance à insister et à minimiser les contraintes techniques. « Il faut savoir que, suite à la forte progression du solaire entre 2022 et 2023, beaucoup d’acteurs se sont positionnés dans ce secteur », précise Brice Brancaz. « Aujourd’hui, si la croissance du marché reste soutenue, elle n’est plus aussi importante qu’il y a un ou deux ans. On se retrouve donc avec beaucoup d’entreprises actives dans ce domaine et une demande un peu moins forte. Ce qui explique l’intensité du démarchage que l’on peut observer actuellement. »

Dans ce cadre, on privilégiera évidemment un prestataire disposant de bonnes références et assurant une transparence totale sur les coûts, les garanties et les délais. Comparer plusieurs devis et demander des retours d’expérience auprès d’autres clients représentent aussi des bons réflexes à adopter. Les entreprises sérieuses offrent généralement des garanties solides sur les panneaux (entre 20 et 25 ans) et les onduleurs (entre 5 et 10 ans). Dans l’offre du prestataire, le propriétaire a aussi intérêt à vérifier que l’installateur se charge bien d’effectuer toutes les démarches administratives liées à l’obtention du permis communal pour installer les panneaux. Il en va de même pour l’obtention des subventions qui, selon les installateurs, est comprise ou non dans l’offre. Enfin, il est de la responsabilité du propriétaire de s’assurer que l’installateur réalisera bien le contrôle OIBT, soit l’audit effectué par une autre entreprise pour garantir la sécurité et le bon fonctionnement de l’installation.

En Suisse, diverses subventions sont disponibles pour les installations photovoltaïques, tant au niveau fédéral que communal. Le programme d’encouragement fédéral permet de bénéficier d’une rétribution unique pour les installations photovoltaïques de petite taille (jusqu’à 100 kW). Pour prévoir les subventions auxquelles on a droit, le calculateur en ligne du programme fédéral pronovo est à disposition. Un outil également proposé par Romande Energie.

« Il faut aussi se renseigner auprès de sa commune », ajoute Nadège Chiaradia. « Entre les mesures d’aide prévues par la Confédération et les communes qui peuvent proposer des programmes de soutien, il est ainsi possible de cumuler l’ensemble des subventions disponibles pour aider à financer son installation. »

Après l’installation de ses panneaux photovoltaïques, l’autoconsommation doit donc devenir une priorité. Consommer directement l’électricité produite reste dans tous les cas la meilleure façon de maximiser les économies sur sa facture d’électricité. Pour cela, il est conseillé de synchroniser ses consommations les plus importantes (lave-linge, sèche-linge, chauffe-eau, etc.) avec les périodes de production solaire, c’est-à-dire en journée. À noter que des systèmes de gestion intelligente de l’énergie ou de domotique peuvent également être installés pour automatiser ces optimisations.

Lorsque sa production d’électricité dépasse sa consommation, deux options se présentent : revendre l’excédent au réseau à un tarif de reprise (ces tarifs étant amenés à baisser encore suite à l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’énergie), soit envisager l’autoconsommation collective. Ce dernier concept permet à plusieurs utilisateurs de partager l’énergie produite par une installation solaire commune, offrant ainsi une alternative intéressante pour ceux qui souhaitent optimiser la rentabilité de leur installation sans devoir vendre leur électricité à un prix peu rentable.

En Suisse, les regroupements pour l’autoconsommation collective se structurent de plus en plus. Ils permettent à des voisins ou des copropriétaires de mutualiser la production solaire pour favoriser l’autoconsommation à l’échelle d’un bâtiment, d’immeubles situés à proximité ou d’un quartier voire, dans un avenir proche, d’une commune.

Bien que les subventions et aides publiques réduisent le coût d’installation initial, il est crucial de garder à l’esprit que l’autoconsommation reste le levier principal pour rentabiliser son investissement. Une installation bien dimensionnée, accompagnée d’un système de stockage, voire l’intégration d’une communauté d’autoconsommation collective, constituent autant de bonnes pratiques permettant non seulement de réduire ses factures, mais aussi de participer activement à la transition énergétique.

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