La mobilité partagée en Suisse : un marché en plein essor

Par définition, la mobilité partagée désigne une utilisation commune et partagée d’un moyen de locomotion. Il peut s’agir de voiture, de vélo (musculaire ou électrique), de vélo cargo, de trottinette électrique, voire de véhicule habitable. Son utilisation est généralement facilitée et mise en œuvre par des services de partage qui s’organisent de plus en plus au travers de plateformes et d’applications mobiles.

Cette pratique connaît une croissance exponentielle en Suisse. Entre 2021 et fin 2022, une augmentation de 20% de l’offre en mobilité partagée a été évaluée, représentant en fin 2022 environ plus de 50 prestataires. Il convient tout de même de mettre en perspective ces chiffres en précisant que si cette pratique gagne nettement en popularité dans les zones fortement urbanisées et dans les centres urbains, la flotte totale des véhicules partagés ne représente qu’une part minime de la flotte totale des véhicules immatriculés en Suisse, environ 0,1% selon le dernier rapport de Suisse énergie. Cela dit, la mobilité partagée représente un élément-clé dans l’évolution des pratiques multimodales et jouera à l’avenir un rôle important dans l’organisation multimodale et le système de transport Suisse.

Dans cet article, nous vous présentons un aperçu chiffré de la situation générale de la mobilité partagée en Suisse, mettant en lumière les tendances et les services disponibles.

L’autopartage est un choix populaire en Suisse et se décline sous différents modèles en fonction des modalités d’utilisation ainsi que des acteurs impliqués. Plus précisément, la mobilité partagée se subdivise en différents marchés en fonction de la ressource partagée. Il s’agit notamment de faire la distinction entre le partage de véhicules, le partage de trajets (par exemple le covoiturage) ou le partage d’infrastructures (par exemple le partage de places de stationnement).

Nous nous focaliserons ici principalement sur le partage de véhicules qui se décline quant à lui sous différentes formes :

• Le partage de véhicules fournit par un prestataire de service permettant à l’utilisateur d’emprunter et de rendre un véhicule à un point fixe après un temps d’utilisation défini à l’avance. Il s’agit du système « classique » utilisé par les compagnies de location tel que Herz ou Avis. C’est également le modèle utilisé par les entreprises d’autopartage tel que Mobility, e-drive carsharing ou 2EM qui font toutes partie des 14 prestataires de service qui participent au monitoring du marché effectué par la Swiss Alliance for Collaborative Mobility (communément appelé CHACOMO). Ce monitoring permet de mettre en lumière la participation de plus de 375'000 utilisateurs en milieu d’année 2023, ce qui représente une augmentation de 22% par rapport à 2022. Une augmentation de 19% du nombre de stations a également été enregistré, passant à un total de 8'461.
• L’utilisation de voitures en libre-service permet d’emprunter, d’utiliser et de rendre le véhicule où l’on souhaite, il s’agit du système le plus flexible aussi appelé free-float. Si ce système est efficace dans un grand nombre de villes européennes telles que Madrid, Karlsruhe ou Milan, il n’a pour l’instant pas fait l’objet d’un franc succès en Suisse. Des projets-pilotes menés notamment par Mobility ont été instaurés à Genève et à Bâle mais la crise du Covid-19 a sensiblement impacté l’utilisation du service, jusqu’à progressivement le stopper à Genève en 2020, puis à Bâle en 2022.
• L’autopartage de voitures privées entre particuliers est une alternative beaucoup pratiquée en France par exemple, elle est par ailleurs adaptée aux communes de plus petites envergures. Ce système est généralement organisé grâce à des plateformes permettant de mettre en contact les particuliers entre eux, c’est le cas notamment de la plateforme Weeshare.

Si ces systèmes de partage se font de manière formalisée au travers de plateformes et entre particuliers non familiers, il est important de noter qu’il est tout à fait possible de créer un système d’autopartage, à petite échelle, avec ses proches et son entourage, afin de contribuer à limiter les émissions de CO2, d’économiser les ressources et de diminuer ses frais d’entretien. L’Association transports et Environnement (ATE) a par ailleurs élaboré un « Guide pour l’autopartage privé, l’autopartage organisé et le covoiturage en Suisse » fournissant des points de réflexion intéressants pour vous lancer en toute simplicité.

 Le partage de vélos est devenu une option de transport privilégiée en Suisse, offrant une solution économique et écologique pour les déplacements courts.

Deux systèmes principaux sont en vigueur : l’un avec des vélos basés en stations, l’autre avec des vélos free-float. La CHACOMO a pu mettre en évidence que la flotte de vélos partagés représente au total 11'962 vélos (dont 11'102 basés en stations) en été 2023, ce qui correspond à une augmentation de 29 % par rapport à 2022, elle est utilisée par environ 330'000 utilisateurs – 34% de plus qu’en 2022.

Ce service est particulièrement présent dans les grandes villes, telles que Berne, Lucerne et Zurich, mais tend également à se répandre dans des villes de plus petites envergures, à l’image de Vevey. La croissance de la flotte de vélos électriques enrichit également l’offre de partage et propose une expérience de conduite plus agréable et de plus grande portée.

En parallèle à ces systèmes, des solutions de partage de vélos existent également entre particuliers directement, c’est le cas notamment de la plateforme Match my Bike. Son but est de permettre à chacune et chacun de mettre son vélo à disposition des membres de la communauté Match my bike. Cela est possible grâce à une application mobile et un cadenas connecté.

Enfin, la place des vélos-cargos a également augmenté ces dernières années. Alternative à la voiture, il permet le transport d’enfants et de marchandises. La flotte ainsi que les localisations disponibles se sont nettement amplifiées.

La trottinette électrique connaît ces dernières années une croissance importante dans les grandes villes d’Europe et de Suisse. La flexibilité offerte et la facilité des déplacements en fait une alternative efficace et pratique pour les courts trajets en zone urbaine. Le nombre de villes suisses, petites ou moyennes, dotées d’un réseau de trottinettes électriques en libre-service grandit peu à peu.

Certaines villes reviennent toutefois en arrière concernant les trottinettes en libre-service. C’est le cas de la Ville de Paris qui, après un vote populaire au printemps 2023, a décidé d’interdire complètement les trottinettes en location, les jugeant dangereuses et encombrantes. Les réglementations et les conditions-cadre du développement de ces services méritent en effet d’être affinées et le développement futur de ces réseaux en libre-service passent par une collaboration étroite entre prestataires et collectivités publiques.

Ce tour d’horizon rapide de la diversité des modèles de la mobilité partagée permet de constater qu’il existe un bon nombre d’options flexibles, abordables et respectueuses de l’environnement pour répondre aux besoins de tout un chacun. La Confédération a par ailleurs alimenté son guichet cartographique avec une carte recensant les offres de mobilité partagée dans toute la Suisse : découvrez les offres proches de chez vous !

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