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Mieux accompagner les locataires : un enjeu essentiel pour réussir la rénovation du parc immobilier vieillissant

renovation

Quand on parle d’assainissement du parc immobilier, on parle souvent technique et financement. Les aspects humains liés à la rénovation sont très peu pris en compte encore, alors qu’ils sont essentiels pour que cela se passe bien. Accompagner les locataires permet à la fois de réduire leurs blocages liés aux travaux et de favoriser la bonne utilisation des immeubles une fois rénovés, ce qui aura un réel impact sur la réduction de la consommation d’énergies. Focalisons-nous ainsi le temps de cet article sur celles et ceux qui vivent dans les nombreux immeubles à assainir rapidement.

L’assainissement du bâti existant : un levier important pour économiser de l’énergie
Nous l’avons lu et relu : en Suisse, le parc immobilier représente environ 44.4% de la consommation totale d'énergie et les bâtiments sont à l’origine d’environ 23.9% de l’ensemble des émissions de CO2. Deux tiers des bâtiments sont encore chauffés au moyen d'énergies fossiles ou directement par l'alimentation électrique. En isolant mieux notre bâti, le besoin en énergie peut baisser de plus de moitié. Dans le canton de Vaud, les immeubles qui ont grand besoin d’être assainis représentent plus de ¾ du parc immobilier vaudois. Il s’agit principalement de toutes les habitations construites avant 1990. Le nombre de ces constructions s’élève à 312’000 sur un total de 411'000. C’est donc un axe essentiel sur lequel agir, et vite. Et c’est la raison pour laquelle de nombreuses subventions, incitations et accompagnements techniques ont été mis en place par les collectivités publiques comme le Programme bâtiment de la Confédération par exemple, et c’est essentiel, mais pas suffisant. Pour réduire les blocages des locataires liés au chantier et liés à une bonne utilisation de leurs nouvelles installations, il faut les accompagner.

Un élément essentiel pour une rénovation réussie : l’accompagnement des locataires
Une étude genevoise appelée projet « TEPI » Transition Energétique du Parc Immobilier genevois, menée entre le printemps 2016 et le printemps 2017 et dont le but était de repérer et analyser les freins et les opportunités à la rénovation du bâti résidentiel collectif dans le canton de Genève a montré que « La question de la relation aux locataires est apparue comme déterminante dans tous les cas analysés, avec des enjeux affectant toutes les étapes du processus de rénovation, depuis la volonté même de s’engager de la part du propriétaire (effet dissuasif des plaintes et surcoûts anticipés), jusqu’à l’usage du bâtiment rénové (performances non atteintes en raison, notamment, de comportement inadaptés). En effet, la pratique montre que malgré les meilleures technologies choisies lors des rénovations, les immeubles consomment bien plus que nécessaire car ils sont mal utilisés.

Ainsi, pour réduire ces freins essentiels, une piste est d’accompagner ces locataires à toutes les étapes du projet de rénovation. C’est l’objectif du nouveau métier d’ « Assistance à maîtrise d’usage » (AMU) créé dans le canton de Genève et qui fait son chemin aujourd’hui dans d’autres cantons.

  • Avant de lancer les travaux, on prépare ces travaux avec les locataires


Organiser un chantier avec les professionnels de la construction est un métier. Organiser un chantier avec les habitantes et les habitants en est un autre. Il faut communiquer de façon transparente avec eux, et entendre leurs craintes et leurs besoins. Organiser une séance d’information destinée à tous les locataires le plus en amont possible est ainsi important afin de les informer sur les raisons de la rénovation et sur les aspects techniques qui auront été vulgarisés pour eux : quelles seront les travaux et pourquoi, quel planning, quelles contraintes pour y parvenir, quels impacts du chantier (exemple déménagements des caves, rocades d’appartement pendant les travaux ou non, utilisation impossible de l’ascenseur, horaires des travaux, etc.). Cette séance pourra être suivie d’un atelier de discussion avec les locataires pour entendre leurs craintes et leurs besoins pendant la phase de chantier (quelles répercussions sur les loyers, quels besoins d’aide pour le déménagement ou les rocades, besoin de soutien pour livraison des courses si pas d’ascenseur, horaires des travaux selon habitants si travail de nuit, autres besoins spécifiques, etc.). Selon les travaux qui seront réalisés, les locataires pourront également faire part de leurs envies et besoins en termes de réaménagement (loggia ou non, espaces communs, etc.). Pour celles et ceux qui ne seraient pas présents à cette rencontre, l’idée est également d’aller les rencontrer en porte-à-porte afin que le plus grand nombre d’habitantes et habitants soit intégré.

  • Pendant les travaux, on maintient la communication


Pendant la phase des travaux, il est important de maintenir une communication avec les locataires. Une idée pourrait être d’organiser un petit déjeuner régulier ouvert à toutes et tous durant lequel on les informe sur les futures étapes du chantier, où on répond à leurs différentes questions, où on entend leur vécu du chantier et on cherche ensemble des solutions en cas de problème.

  • Après les travaux, on les accompagne à une bonne utilisation de leur logement


Une fois que les travaux seront terminés et que les locataires ne seront plus impactés par le chantier, ils seront plus enclins à être sensibilisés et formés à une bonne utilisation de leur immeuble rénové. Il s’agit tout d’abord de les questionner sur le confort thermique du bâtiment rénové, de leur faire visiter les nouvelles installations (chauffage, etc.) et de leur expliquer leur fonctionnement, de les former à une bonne utilisation de l’immeuble et des nouvelles installations. Il est intéressant de monitorer les économies d’énergies réelles l’année qui suit la fin des travaux et de suivre les éventuelles problématiques de confort résiduel. En cas de mauvaise utilisation du logement, il serait intéressant de comprendre les blocages des locataires et de tenter de trouver des solutions avec eux.

Assistant/Assistante à maîtrise d’usage : un métier qui accompagnera bientôt les gros projets de rénovation de Romande Energie
En Suisse romande, Genève a été le premier canton à développer ce programme d’accompagnement et à former des AMU à ce travail d’accompagnement des locataires. D’autres cantons, communes ou acteurs commencent à voir la plus-value de cette compétence sociale qui facilite, à terme, le travail des acteurs techniques.

Romande Energie a elle aussi la volonté d’intégrer des AMU dans ses futurs gros projets de rénovation, car elle réalise que ce temps mis en amont peut grandement faciliter les différentes phases de chantier et réduire les blocages, qui, s’ils sont gérés trop tard, nécessitent beaucoup d’énergie à régler.

Hélène Monod
Rédigé par Hélène Monod · Rédactrice

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