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Rénovation des bâtiments, éclairage public et changements de comportements pour diminuer nos émissions

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Que ce soit en agissant sur l’éclairage public, sur l’état des bâtiments ou encore en accompagnant les citoyennes et citoyens, afin de modifier les habitudes de mobilité et de consommation, les leviers sont nombreux pour diminuer notre bilan énergétique, électrique comme thermique. Et pour réduire de manière significative nos émissions de gaz à effet de serre (GES).

Les solutions technologiques en lien avec le développement des énergies renouvelables et l’efficience énergétique doivent être complétées par des mesures d’accompagnement visant à faire changer nos modes de consommation afin de tendre à une sobriété énergétique durable. Nous présentons dans cet article ces deux aspects par le biais d’exemples de solutions technologiques (chauffage à distance, éclairage dynamique) et un programme de coaching carbone à l’intention des ménages.

Décarboner les bâtiments grâce au chauffage à distance
La rénovation énergétique des bâtiments est un levier majeur sur lequel les communes peuvent agir. Défossiliser le chauffage en se raccordant à un réseau de chauffage à distance (CAD) constitue l’une des mesures qu’elles peuvent mettre en place.

Comment fonctionne le chauffage à distance ? La production de chaleur ou de froid est centralisée pour être ensuite distribuée via de l’eau contenue dans des conduites souterraines et menée jusqu’aux bâtiments et habitations à proximité. Le CAD utilise des sources d’énergie renouvelable (bois, eau de STEP, nappe phréatique, géothermie, etc.) selon les besoins en froid ou chaleur du site. Le réseau de conduites est évolutif : de nouveaux bâtiments peuvent être raccordés en tout temps, tandis que le circuit lui-même peut être densifié pour desservir une zone plus grande. L’énergie est acheminée dans un échangeur ou une pompe à chaleur (PAC) située chez le client. Cette installation, silencieuse et discrète, remplace la chaudière actuelle. L’eau refroidie emprunte ensuite une conduite parallèle pour revenir à la centrale et être à nouveau chauffée.

Les CAD favorisent une énergie renouvelable et locale, garantissent aux propriétaires des bâtiments raccordés un prix stable sur la durée (engagement sur par exemple 30 ans), contribuent à la réduction des émissions de CO2 et de la pollution.

Sur la commune de Puidoux, une installation novatrice est en service depuis 2018 (illustration 1). Cette centrale fonctionne sur le principe de la gazéification du bois humide (plaquettes). Ce procédé, unique en Suisse, consiste à transformer le bois issu des forêts de la région en gaz de synthèse, c’est-à-dire en combustible. Il permet une production électrique extrêmement performante, couvrant l’équivalent des besoins annuels en électricité de 1 500 ménages et une combustion plus propre du bois. Chaque année, un million de litres de mazout sont ainsi économisés. À ce jour, 21 bâtiments sont raccordés et l’extension du réseau en cours permettra de rajouter 20 raccordements à terme pour un total de dix GWh/an d’énergie thermique et quatre GWh d’électricité.

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Illustration 1 : Centrale de gazéification de bois à Puidoux. (Photo : Romande Énergie)

Les réseaux de CAD/FAD sont adaptés à tous types de communes, de plaine ou de montagne, petites à grandes. Des projets visant également à valoriser le bois local pour des réseaux de CAD existent — ou sont en cours de développement — à Charmey, Longirod, Avenches ou encore Payerne. Cette dernière commune prévoir également de valoriser la chaleur issue des eaux de STEP. La proximité du lac encourage de nombreuses villes (Genève, Morges ou Montreux, par exemple) à utiliser l’eau du lac pour chauffer ou refroidir les bâtiments. Les eaux géothermales forment une autre source de chaleur qui peut être valorisée par les collectivités publiques. De tels projets de géothermie profonde impliquent souvent différents partenaires (typiquement le service industriel ou le gestionnaire de réseau et de distribution de la zone concernée) dans le développement et la réalisation des centrales et des réseaux (Nyon, Gland ou Lausanne, par exemple) afin de mutualiser les risques et les coûts.

D’autres démarches pour la rénovation énergétique
D’autres démarches sont à portée des communes pour inciter ou accompagner la décarbonisation des bâtiments. Celles-ci peuvent réaliser des audits énergétiques (CECB, CECB Plus) sur leurs bâtiments communaux ou soutenir financièrement les audits énergétiques auprès des propriétaires. En complément des CAD, l’installation de panneaux photovoltaïques (PV) contribue également à augmenter son autonomie énergétique et à réduire les émissions de GES.

Les appels d’offres groupés pour les citoyens propriétaires intéressés à installer PAC ou PV rencontrent aussi un intérêt croissant auprès des communes. La commune d’Épalinges a par exemple réalisé plusieurs opérations visant à inciter les propriétaires à favoriser les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’autoconsommation. Les communes peuvent se faire accompagner par un bureau d’ingénieurs qui informe les participants, analyse le potentiel solaire des toitures et lance un appel d’offres groupé auprès d’entreprises d’installation. Ce type d’actions présente les avantages de réduire les coûts et de simplifier les démarches administratives pour les propriétaires.

Afin de permettre aussi aux locataires d’investir dans la transition énergétique, Epalinges a organisé en 2021 une opération de financement participatif pour la réalisation d’une installation solaire sur un complexe scolaire, autrement appelée « crowdlending » sur le site Internet www.epa-ren.ch. D’autres solutions de financement, telles que le contracting , le rachat d’infrastructures ou encore le contrat à la performance énergétique (CPE) sont à disposition des communes afin qu’elles puissent financer leur transition écologique en fonction de leurs besoins.

Un éclairage public dynamique
En Suisse, l’éclairage public consomme environ 410 millions de kWh d’électricité par an, soit 0,7 % de la consommation totale d’électricité. Si ce chiffre peut sembler bas, il peut parfois représenter un coût important pour une commune. Cependant, il est facile d’agir dessus et d’obtenir des économies d’énergie et financière. L’éclairage est toujours en mains publiques et il constitue un levier visible, pour les habitants.

Le remplacement de vieux luminaires par des LED constitue la première étape. Sur le parc d’éclairage public de Romande Énergie, plus de la moitié des 35 000 points lumineux n’est pas équipée en LED, il reste donc un large potentiel d’amélioration. De plus, les sources lumineuses utilisant du mercure sont interdites depuis 2015 et d’autres vont être interdites progressivement d’ici 2023 (fluocompacte, notamment).

En plus de remplacer des luminaires obsolètes par de nouveaux luminaires LED, l’arrivée de nouvelles solutions contribue à optimiser les économies d’énergie. La détection, via des capteurs, permet d’éclairer à l’intensité désirée et au bon moment. Cela diminue aussi drastiquement la pollution lumineuse. À un tel éclairage dynamique, on peut ajouter un outil supplémentaire : la télégestion. Comme son nom l’indique, cette solution gère à distance le parc d’éclairage public et les luminaires. Il est ainsi possible de mettre en place des scénarios d’abaissement et de pilotage de l’éclairage (illustration 2) au jour le jour. Ainsi, on peut par exemple : couper l’éclairage pour les feux du 1er août sur la zone concernée ; couper ou abaisser à 10 % l’éclairage dans les zones proches des écoles où il est peut-être inutile d’éclairer pendant les week-ends. En plus de ces scénarios, la télégestion permet la remontée d’information sur l’état des luminaires (détection de panne, maintenance préventive et gestion de la durée de vie restante).

Ces deux solutions sont complémentaires, mais fonctionnent aussi très bien séparément. Les différentes caractéristiques de la commune sont analysées afin de catégoriser les zones (résidentielle, industrielle, etc.) et proposer la solution la plus utile et adaptée à chaque situation.

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Illustration 2 : Scénarios pour un éclairage dynamique. (Source : Topstreetlight.ch — Guide « Éclairage public efficient »)

En 2020, la commune de Noville a fait le choix de passer en 100 % LED et d’installer un système de télégestion et de détection. Testé sur un des quartiers de la commune, le concept a séduit les habitants et a été ensuite déployé sur l’ensemble de la commune. Des économies d’énergie dépassant les 70 % sont ainsi atteintes.

Oser questionner nos modes de vie et changer nos comportements
Au-delà des solutions technologiques, si nous voulons faire face au dérèglement climatique et réussir notre transition écologique, une adaptation de nos modes de vie s’impose. Selon la dernière publication de l’OFS, l’empreinte gaz à effet de serre de la Suisse par personne s’élevait en 2019 à 12,6 tonnes d’équivalent CO2. Si l’on veut atteindre les objectifs 2050 de la Confédération, les citoyennes et citoyens suisses doivent diviser par 10 leurs émissions.

Compte tenu des émissions directes dues aux déplacements en véhicules privés et au chauffage, ainsi que des émissions induites à l’étranger comme au sein de l’économie suisse par leur demande finale, les ménages étaient responsables, en 2019, de l’émission de 73,1 millions de tonnes d’équivalent CO2. Soit d’environ 67 % de l’empreinte gaz à effet de serre de la Suisse.

Il ressort de ces statistiques que les transports sont à l’origine de la majeure partie des gaz à effet de serre des ménages (26 %), suivis par le logement (20 %) et l’alimentation (20 %). Ces trois thématiques représentent donc deux tiers des émissions directes et indirectes des ménages (illustration 3). Force est de constater que notre empreinte carbone est constituée en majeure partie d’émissions indirectes dues aux importations : ces émissions sont générées à l’étranger lors de la production et le transport de biens, et de services, qui sont importés pour être consommés par les ménages en Suisse. C’est particulièrement le cas de l’alimentation où 67 % des émissions sont induites à l’étranger.

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Illustration 3 : Extrait de la publication « Ménages et climat à la lumière des comptes de l’environnement » (Source : Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 2022)

Comment les communes peuvent-elles sensibiliser leurs citoyens et les mobiliser pour réduire leur impact environnemental ?

Dans le cadre de son programme d’efficience énergétique EquiWatt, le Canton de Vaud propose notamment aux communes l’opération « Eco-logement ». Des experts formés se rendent chez les locataires et installent en quelques minutes des appareils (LED, multiprise avec interrupteur, économiseur d’eau, etc.) pour réduire les consommations. Si les écogestes sont déjà bien ancrés en Suisse, un véritable changement de nos comportements reste nécessaire.

Proposé directement par les communes à leurs habitants, « Ma commune et moi » est un programme qui vise à accompagner la population dans la réduction de son empreinte carbone en ciblant les trois thématiques qui ont le plus d’impact dans le bilan d’un ménage : l’habitat, la mobilité et l’alimentation. Sur une durée de trois à six mois, un coach en durabilité dresse un bilan carbone du foyer et lui propose ensuite de tester des alternatives visant à réduire son empreinte. Un suivi quantifié et personnalisé est garanti par le coach. En fin de programme, un bilan met en évidence les objectifs de réduction atteints. Une soirée organisée par la commune permet aux différents participants et participantes de se rencontrer, d’échanger de bonnes pratiques et de créer une communauté autour de la durabilité. Pour la commune, c’est l’occasion de créer du lien avec sa population, de se rendre compte de leurs attentes et de prioriser les mesures à mettre en place.

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Illustration 4 : Une famille d’Epalinges ayant participé au coaching carbone. (Photo : 24 heures/Patrick Martin)

Ce programme de coaching carbone s’inscrit pleinement dans la ligne des besoins de participation citoyenne recherchée par de nombreuses communes. L’objectif est d’accompagner un grand nombre de ménages au sein d’une commune, afin d’opérer un changement de dynamique visible. Les valeurs véhiculées telles que l’économie locale, les circuits courts ou la mobilité douce permettront également d’augmenter collectivement la qualité de vie au sein de la commune.

Dans le cadre d’un projet pilote mené à Epalinges, 30 foyers ont atteint une réduction moyenne de 25 % de leurs émissions de GES (illustration 4). Il s’agit des réductions effectives ainsi que des engagements de changements à plus long terme.

Savoir concilier technologie et sobriété
Éclairage intelligent, rénovation énergétique, promotion des énergies renouvelables, mobilité électrique et multimodale, engagement des citoyens : de nombreuses solutions et services fiables sont à disposition des collectivités pour lutter contre les changements climatiques. Seules, les technologies pour décarboner notre société ne suffiront pas pour y faire face. Changer nos comportements fait pleinement partie de la solution afin de réduire notre consommation d’énergie et nos émissions de gaz à effet de serre.

Les communes ont un rôle clé à jouer, en tant que facilitateur et en tant que déclencheur. Elles ont par ailleurs les moyens d’encourager les acteurs locaux (entreprises, secteur immobilier, ménages) à prendre les bonnes décisions pour accélérer la transition écologique de l’ensemble du territoire.

Références
Blog Question d’Énergie, Éclairage public dynamique : la lumière là où il faut et quand il faut

Arpeamag no. 291, dossier spécial Pollution lumineuse, été 2022

OFS, Ménages et climat à la lumière des comptes de l’environnement, 2022

Guide Éclairage public efficient — recommandations aux autorités communales et aux exploitants de réseaux d’éclairage

Article paru dans le magazine de l’ARPEA, arpeamag no. 292, automne 2022

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Rédigé par L'équipe du blog · Romande Energie

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